III. Pourquoi la France est-elle devenue la 1ère destination touristique du monde ?

S’il y a bien sûr une infinité de réponses à la question, il me semble possible de dégager six facteurs principaux :

- La richesse de notre patrimoine culturel et naturel constitue une première explication ; elle ne peut toutefois pas constituer une réponse unique : des pays comme l’Italie ou la Chine ont un patrimoine culturel au moins comparable au nôtre et les Etats-Unis ont un patrimoine naturel exceptionnel.

- La géographie a placé la France au cœur du premier marché émetteur mondial depuis toujours  et nos voisins immédiats, qui représentent encore en valeur 20% du marché émetteur mondial en 2011, nous apportent 73% de nos touristes étrangers.

- Une connectivité internationale et un réseau de transports internes parmi les plus denses au monde. Nous le devons à nos prédécesseurs qui ont eu la sagesse d’anticiper et de consacrer des ressources à des infrastructures coûteuses à court terme qui se révèlent éminemment profitables à plus long terme.

- La France a en outre su, depuis près d’un siècle, développer des politiques publiques propices au développement du tourisme. Il s’est agi :

- soit de politiques du tourisme à proprement parler : création du Crédit hôtelier (1938), développement des Logis de France (1949), des gîtes ruraux (1951), plan neige (1960), Mission d’aménagement du littoral languedocien (1963), création des chèques-vacances (1982), de l’organisme de promotion « Maison de la France » (1986) auxquels il faut ajouter les mesures fiscales concernant les résidences de tourisme ou la TVA dans l’hôtellerie.

- soit de politiques publiques qui ont eu un impact sur la fréquentation touristique, parce qu’ elles stimulaient la demande en dégageant du temps libre, ou bien parce qu’elles protégeaient le patrimoine culturel ou naturel : loi sur les congés payés (1936), lois sur le patrimoine bâti (1913, 1963) et ses abords, loi sur les sites protégés (1930), création des parcs nationaux (1960), du Conservatoire du littoral (1975), loi montagne (1985), loi littoral (1986), loi paysage (1993).

- La France a su, comme pratiquement aucun autre pays, développer une série d’outils (aides aux équipements de tourisme associatif, chèque-vacances notamment) qui ont permis aux familles les plus modestes d’accéder aux vacances.

Cette politique de tourisme social a évidemment un impact sur la durée d’utilisation des équipements et sur leur volume de fréquentation. En stimulant le marché domestique, c’est l’ensemble de la filière qui en profite en facilitant l’amortissement de ses coûts fixes.

Par ailleurs, l’accès du plus grand nombre aux vacances n’est pas sans conséquences sur l’acceptabilité sociale du tourisme, notamment en ce qui concerne l’accueil des étrangers.

- Enfin, à une certaine époque, la France a su faire émerger, parmi les 230.000 entreprises du tourisme, quelques champions nationaux dans l’aérien (Air France), dans les hébergements (ACCOR, Club Med, Pierre et Vacances), dans la gestion de stations de montagne (Compagnie des Alpes), et quelques autres qui donnent à notre pays une visibilité et une image de professionnalisme dont peu de pays ont bénéficié jusqu’à récemment.

Cela ne s’est pas fait tout seul et a obéi à la conjonction du talent de quelques grands entrepreneurs et d’une vision stratégique des pouvoirs publics.

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III. Pourquoi la France est-elle devenue la 1ère destination touristique du monde ?
IV. Pourquoi la France perd-elle des parts de marché ?

Né en 1953, Frédéric Pierret est actuellement Directeur exécutif de Programme et Coordination à l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), à Madrid (Espagne) où il occupe ce poste depuis janvier 2010.

Avant de rejoindre l’OMT, il était Directeur du tourisme au sein de l’Administration du tourisme française (de 2005 à 2007).

Frédéric Pierret a été en parallèle conseiller de l’OMT et présidé notamment le groupe de travail sur l’évaluation des risques et la gestion des crises (de 2005 à 2007).

Il a également travaillé comme consultant pour l’élaboration d’un manuel concernant la recherche de financements du tourisme en Afrique (en 2009).
Entre 1984 et 2004, il a occupé différents postes de Secrétaire général au sein du Ministère de l’intérieur français.

Il s’exprime ici à titre personnel.